Le Tram et le BHNS1 changent profondément une ville, sa physionomie, sa couleur, son atmosphère.  Ils apaisent, ils irriguent. De Nantes à Grenoble et de Brest à Strasbourg, l’expérience le montre. Avec le projet « Mon réseau grandit », la métropole brestoise s’apprête à vivre une nouvelle transformation. La seconde  de ce 21e siècle pourtant  jeune encore. Retour sur un siècle  de mutation urbaine.

Rappelle-toi Barbara… En laissant à Brest ce texte magnifique, Jacques Prévert a posé sur les maux de la guerre ses mots à lui, sensibles. Pour Brest, il y a un « avant » et un « après » la seconde guerre mondiale. La mémoire se transmet et forge des récits. On a beaucoup dit et beaucoup écrit sur le traumatisme lié aux villes détruites et reconstruites, sur la difficulté des habitants à se réapproprier leur cadre de vie. Ce que l’urbaniste et historien brestois Daniel Le Couédic nomme le « déficit symbolique » : « quelque chose qui ne se mesure pas mais qui met une distance entre la population et la ville. » Le plan de reconstruction a façonné une ville nouvelle, a rasé les remparts et érigé l’hôtel de ville posé sur son esplanade. Il a aussi installé l’axe routier important qui relie le cœur de ville au Pont de l’Iroise, en passant par la Place de Strasbourg. 1945, c’est aussi la naissance du Grand Brest.

LE TRAM, OUTIL DE RÉCONCILIATION

Le temps passe et fait son œuvre. Le regard des Brestois sur leur ville a beaucoup changé. La première ligne du Tram a fortement contribué à cette réconciliation. En dessinant un axe Jaurès-Siam plus ouvert, en créant du lien entre les deux rives, de Recouvrance à Pontanézen, mais aussi entre les zones économiques et le centre, en installant dans le paysage urbain un objet de mobilité au design contemporain. Pour Tifenn Quiguer, Vice-Présidente à la métropole en charge de l’urbanisme, il ne fait aucun doute qu’il y aura aussi un « avant » et un « après » la mise en service des lignes B & D : « La première ligne était spectaculaire parce qu’elle a embarqué l’axe Jaurès-Siam. La seconde phase aura autant d’impact. »

BELLEVUE, QUARTIER CENTRAL

Au départ de la gare, le Tram va venir longer les cités universitaires, le campus, irriguer Bellevue pour aller jusqu’au CHU de La Cavale Blanche. L’élue se réjouit de penser que bientôt les étudiants prendront le Tram pour aller à l’université, évoque l’ouverture prochaine du quartier de Kerbernier, la requalification de Bellevue qui, en 2026, sera à 4 stations seulement du centre-ville. Avec son habitat diversifié, ses équipements sportifs, ses commerces et le terrain exceptionnel que constituent les rives de la Penfeld, « Bellevue va devenir un quartier central », confirme Daniel Le Couédic.

DES PIÈCES MAJEURES DE LA MUTATION URBAINE

Sur la ligne D du Bus à haut niveau de service, l’enjeu est aussi d’embarquer la jeunesse -les 8 000 élèves des campus de Kérichen et La Croix Rouge- et de stimuler le bourg de Lambézellec comme le bas de Kérinou. « La politique de mobilité se met au service du renforcement de la qualité urbaine », explique Tifenn Quiguer. Elle fait aussi du lien entre les grands projets. À Lambézellec, la métropole a engagé une étude urbaine (lire P. 2) ; autour de la cité scolaire de Kerichen, c’est la Région qui développe un plan d’investissement de 100 M€ ; une réflexion est engagée autour du Pôle de la gare… La métropole se transforme et les nouvelles lignes de TCSP2 sont des pièces majeures de cette mutation.

TAPIS VERT

À Brest comme dans toutes les grandes métropoles, le Tram a des vertus apaisantes. Il recompose le paysage, calme la circulation, crée de nouveaux usages de la voirie. « Le modèle du tout voiture est en pleine évolution, il s’agit de recomposer l’espace urbain pour mieux partager les usages entre la voiture, les piétons, les cycles et le transport public. Il faut trouver le juste équilibre », poursuit Tifenn Quiguer. Les 7 Pôles d’échange multimodaux qui seront créés aux entrées de ville sont stratégiques dans l’organisation des déplacements. Avec la ligne B du tramway, Brest va aussi dérouler un très long tapis vert.

1.  Le Bus à haut niveau de service, appelé aussi Busway à Nantes, a tout du Tram sauf les rails.

2. Transport collectif en site propre.

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« À l’image du corps humain,  les lignes de transport collectif en site propre sont les grandes artères de l’agglomération. Elles l’irriguent, la stimulent, permettent de décongestionner  la ville. C’est aussi un outil  au bénéfice d’une ville décarbonée. À l’instar du passage du Tram  à Pontanézen il y a 10 ans,  nos deux futures lignes veilleront à traverser les quartiers populaires. »

Tifenn Quiguer Vice-Présidente à la métropole  en charge de l’urbanisme