Le végétal au cœur du projet des nouvelles lignes B et D

Mon réseau grandit est un projet d’aménagement urbain de grande envergure qui a nécessité un réaménagement de l’environnement dans lequel il s’insère : espaces verts recomposés, alignements d’arbres replantés ou encore remplacement d’enrobés par de la plateforme végétalisée.
Pour accompagner les modifications apportées à l’environnement, le projet s’est doté d’une stratégie végétale propre qui découle des grands principes de la stratégie de Brest métropole en matière de préservation des milieux naturels.

Les mots d’ordre du projet Mon réseau grandit ont été : végétaliser dès que possible, (re)planter mieux, désimperméabiliser, créer des îlots de fraîcheur, conserver et/ou recréer un corridor écologique, gérer les eaux de pluie.

La stratégie végétale de mon réseau grandit : une démarche itérative

 

La stratégie végétale du projet Mon réseau grandit s’inscrit dans une politique métropolitaine plus large avec des engagements sur le végétal, la gestion des eaux de pluies et la biodiversité. Ces engagements sont matérialisés par l’Armature verte urbaine et la Trame verte et bleue qui sont inscrites dans le PLU (Plan Local d’Urbanisme) et le PADD (plan d’aménagement et de développement durable). 

Il s’agit de préserver et de restaurer les continuités écologiques au sein du réseau terrestre et aquatique métropolitain. Outre son rôle de préservation de la biodiversité, la Trame verte et bleue permet de maintenir des espaces de respiration dans la ville, facteur de bien-être pour les habitants. L’Armature verte urbaine est quant à elle le prolongement de la Trame verte et bleue à l’intérieur de la ville, pour répondre à des enjeux écologiques mais aussi sociaux pour préserver l’avenir et améliorer les conditions de vie des habitantes et habitants sur le territoire.

1 - Un environnement préexistant à prendre en compte 

Les lignes B & D s’insèrent dans un environnement urbain préexistant qui comporte selon les zones un patrimoine vivant, des poches de biodiversité, des contraintes physiques, qu’il a au préalable fallu diagnostiquer et inventorier. Ainsi, si la stratégie végétale du projet repose sur des piliers communs que sont la végétalisation et la désimperméabilisation, elle a en revanche été adaptée au cas par cas pour toutes les zones traversées par les lignes. La requalification des espaces induite par le projet est une formidable opportunité pour plus d’inclusivité, pour laisser une place grandissante au végétal et pour adresser tous les enjeux de transition écologique.

 

Le patrimoine végétal 

Brest métropole, bien que faisant parfois face à une tenace image de ville minérale et grise, comporte en réalité un riche patrimoine végétal. Datant de plusieurs époques, ce patrimoine doit être préservé et perpétué dans une logique de renouvellement progressif. Dans ce cadre et en tenant compte des impératifs techniques du projet, le patrimoine végétal présent sur les lignes a été recensé et étudié lors d’inventaires écologiques réalisés en 2021 puis en 2022-2023. 

 

Les espèces et habitats protégés

Ces inventaires ont également permis de mettre en évidence la présence de 75 espèces protégées (végétales ou animales) sur ou à proximité du périmètre du projet. Le projet s’inscrivant dans un milieu très urbain, cette présence reste globalement localisée aux espaces plus naturels qui sont peu concernés par les travaux.

 

L’espace disponible

Au regard de l’insertion des nouvelles lignes et des voies dédiées aux mobilités actives accessibles à tous (piétons dont PMR et poussettes, cyclistes) mais aussi de l’espace aérien qui est occupé le long de la ligne de Tram par la ligne aérienne de contact que l’arbre ne doit pas toucher. 

 

La face cachée de l’espace public

Un arbre a quasiment autant de volume dans le sol qu’à l’extérieur. Pour obtenir un beau spécimen, il faut lui donner les conditions de bien se développer en lui offrant de larges fosses pour son système racinaire. Or sous nos pieds s’entremêlent également les réseaux techniques (gaz, fibre optique, électricité, eaux...). Lors de l’agencement de l’espace public et de la création d’espaces vert ou d’alignements d’arbres, il est nécessaire de prendre en compte ce qui se passe en sous-sol, dans l’optique de ne pas avoir de co-activité qui pourraient mener à une détérioration du réseau technique par les réseaux racinaires.

 

Végétal Clemenceau

2- Le Dialogue continu - le panel “Végétal”

La démarche du panel “Végétal” fait partie du processus de Dialogue continu autour du projet Mon réseau grandit.

Le sujet du végétal ressort dans les phases de concertation précédent le projet comme un sujet primordial pour les habitants et usagers. C’est pourquoi ce sujet a été choisi pour faire l’objet d’actions de dialogue continu d’octobre 2022 à mars 2023. Le panel “Végétal” a permis à un groupe de 30 habitants/usagers de rentrer dans la complexité de la stratégie végétale, d’embarquer avec les paysagistes, d’échanger autour de la place du végétal dans le projet et des nouveaux aménagements paysagers.

Les propositions du panel pour la stratégie végétale du projet ont été remises aux équipes techniques qui y ont apporté leurs réponses. Cela a permis de faire évoluer la stratégie végétale du projet pour répondre aux besoins des habitants/usagers et dans le même temps de faire comprendre cette stratégie aux membres du panel.

 

3- Les deux grands piliers de la stratégie végétale du projet

 

Planter bien et le plus possible

De ces deux axes découle un plan d’actions clairement défini : 

  • diversifier la palette végétale : dans la mesure où personne ne sait dire quelles seront les espèces adaptées au changement climatique, ce qui permet aussi de réduire les épidémies parasitaires (pour la flore) et de limiter les allergies (pour l’Homme) ; 
  • renouveler progressivement le paysage de la reconstruction constitué de platanes, érables et tilleuls parfois malades en remplaçant un arbre sur deux ;
  • planter des espèces indigènes dans les zones tampons avec le bocage breton
  • planter des espèces à intérêt botanique et paysager en cœur de ville, loin des espaces naturels endogènes.
  • associer à chaque grand arbre planté des arbustes et des herbacés, pour créer des corridors écologiques dans lesquels viendront se réfugier les insectes et circulera la faune : 1,2 hectare d’arbustes et haies bocagères, 0,5 hectare de vivaces, graminées et annuelles, 2,7 hectares de gazons et prairies ; 
  • végétaliser la plateforme de tramway dès que c’est possible : 2 hectares sur l’ensemble du projet, soit 80% de l’ensemble ;
  • bien gérer les eaux pluviales, par la création de noues et tranchées infiltrantes : 0,5 hectare de noues plantées et 1956 m2 de tranchées d’infiltration sur les avenues Le Gorgeu et Foch;
  • planter en prenant en compte l’entretien futur des espaces végétalisés par les services de la collectivité : fréquence d’entretien, accessibilité, rusticité des essences, etc.

Tranchées d’infiltration des eaux pluviales sur l’avenue Le Gorgeu, crédit : Dominique Leroux

Plateforme de Tram végétalisée avenue de Provence, crédit : Dominique Leroux

UNE STRATÉGIE DÉCLINÉE LOCALEMENT

UNE STRATÉGIE DÉCLINÉE LOCALEMENT

1- Avenue Foch

L’avenue Foch présentait un triple alignement d’arbres datant des années 1970 et constitués de Tilleuls (sujets à maladie à Brest). Les sujets poussaient peu car plantés dans de trop petites fosses. Du fait de la taille réduite des fosses, les racines déformaient les trottoirs. La stratégie mise en œuvre sur ce secteur a été de prévoir une coupe des alignements pour un renouvellement complet des alignements dans de bonnes conditions de plantations (fosses d’arbres, pieds d’arbres végétalisés en continu...). Il a néanmoins été souhaité de préserver l’un des alignements, côté terrain de sport, pour conserver une présence dans la rue à la livraison du tramway. L’avenue Foch accueillera le tramway sur un terre-plein central végétalisé. L’alignement ouest (Tilleuls) est conservé. L’alignement Est est replanté d’Aulnes, d’Ormes et de Tulipier de Virginie dans une bande de 2.50 m de large, alternant entre arbres et stationnement. Une noue plantée constitue la troisième ligne de plantation. Les essences plantées sont variées : Menthe aquatique, Iris des marais, Angélique sylvestre, Magnolia à fleur de Lys...

 

2- La rue J. Lesven, un secteur contraint

La rue J. Lesven est une rue principalement résidentielle : la présence du végétal se trouve davantage sur l’espace privé que sur l’espace public. L’espace public est également de plus en plus minéralisé, pour des raisons économiques de maintenance, et d’accessibilité des trottoirs. Avec l’insertion de la nouvelle ligne de BHNS, sur ce secteur contraint (nombreuses entrées charretières, encombrement du sous-sol par les réseaux), les possibilités de planter des arbres sont très limitées. Les zones de stationnement auront un revêtement perméable et quelques espaces pourront être végétalisés avec des petits arbrisseaux et cépées comme des Érables du Père David, Magnolia de Kobé, Cerisiers d’ornement...

 

3- La rue de Glasgow : l’existant enrichi

Sur la rue de Glasgow, l’alignement de Bouleaux existants (essence non adaptée à un alignement) présente des difficultés pour se développer, liées notamment à l’absence de fosses de plantation. Dans cette rue bordée d’immeubles assez hauts, les arbres sont donc peu présents. Dans cette rue très contrainte en largeur et avec la présence importante de réseaux, il a été décidé de privilégier des plantations sur un seul côté : Arbres aux 40 écus, Ormes « Columella », Hêtres fastigiés, mais avec de véritables fosses de plantation et enrichie d’une strate basse.

 

4- Le boulevard Léon Blum : repenser les alignements

Le boulevard Léon Blum accueillait un alignement de Platanes de chaque côté du boulevard. La présence de ce double alignement d’arbres représente un vrai enjeu de paysage. Néanmoins, leur conservation intégrale n’est pas compatible avec l’insertion du projet : deux voies BHNS et le maintien de deux sens de circulation, deux pistes cyclables et des trottoirs assez larges sur un secteur avec de nombreux étudiants. Leur implantation au milieu des trottoirs présentait par ailleurs une vraie difficulté d’accessibilité. Le projet a été conçu pour permettre de maintenir à minima l’un des alignements. Ainsi, l’alignement sud est maintenu et valorisé : les pieds des Platanes existants, précédemment en enrobé, ont été décroutés puis paillés. De l’autre côté, la voirie a été élargie côté cité de Kerichen, et une noue d’infiltration des eaux pluviales est en cours d’aménagement entre la piste cyclable et la voirie. Elle accueillera des arbres, arbrisseaux, cépées : Aulnes, Ormes Chêne, Acajou de Chine... et une strate herbacée adaptée au milieu : Petite massette, Iris, Cardamine des près, Salicaire commune…

 

5- L’avenue de Tarente : conserver et préparer le renouvellement des arbres

L’avenue de Tarente comporte un linéaire important d’arbres, composé de Tilleuls de grande envergure et de Chênes plus chétifs. La préservation de cet alignement très présent dans le paysage de cette voie assez large est un enjeu important de conception du projet. De nombreux scénarios d’insertion ont été recherchés pour permettre leur conservation. Néanmoins, la présence importante de Tilleuls, victimes de maladie, nécessite de réfléchir à leur futur renouvellement. Le principe de préservation d’un alignement d’arbres sur le terre-plein central a été maintenu. Néanmoins, il a également été décidé d’initier son renouvellement. Ainsi, certains arbres seront volontairement remplacés par de nouveaux arbres : Chênes fastigiés, Chênes verts, Ormes, Aulnes et Ginkgo. Lorsque ceux-ci auront suffisamment grandi pour garantir une présence paysagère dans la rue, le renouvellement sera poursuivi.

 

6- La Cavale Blanche : mettre en valeur le bocage

Avec une topographie marquée et le lien avec le bocage breton, l’identité paysagère de ce site est très forte. Le secteur de La Cavale Blanche accueillera le terminus de la ligne B de tramway. Afin de conserver et mettre en valeur l’espace paysager, il est prévu sur ce secteur de reconstituer des haies bocagères : Charme, Hêtre, Houx, Chêne, Sorbier, Cornouiller, Saule, Viorne, Aubépine... tout en préservant des vues sur la Penfeld. Le projet permet également d’initier le confortement de cheminements piétons vers le vallon de la Penfeld à partir de ce terminus.

 

7- Pôle d’échange multimodal Porte de Plouzané

Sur les pôles d’échange multimodaux, les enjeux consistent pour une large part à aménager des parkings pour le stationnement des véhicules tout en limitant l’imperméabilisation des sols (pour la gestion des eaux de pluie) et à végétaliser dès que possible pour une meilleure insertion paysagère. La stratégie de projet est donc d’aménager des places de parkings perméables et des noues plantées pour la gestion des eaux de pluie.

LES ARBRES DANS LA STRATÉGIE VÉGÉTALE DU PROJET 

Si les arbres en ville apportent de nombreux bienfaits, leur intégration dans un milieu urbain n’est pas chose aisée : sol compacté, manque d’accès à l’eau en raison de l’imperméabilisation des sols, espace souterrain contraint par la présence de multiples réseaux, espace aérien réduit par la présence de bâti, largeur de rue disponible, maintien de l’accessibilité PMR (Personnes à mobilité réduite) sur les trottoirs, résistance au climat local et aux maladies, etc.

 

QU’EST-CE QU’UN ARBRE ? 

Un arbre est un être vivant et un écosystème : il se transforme au fil des saisons et abrite de nombreuses espèces animales et végétales. Sa durée de vie est supérieure à la durée de vie d’un homme, mais son équilibre est fragile : une intervention sur un arbre, comme le fait de le tailler, est irréversible avec des effets qui influencent son développement pendant plusieurs années (au moins 10 ans). Dans le cadre du projet Mon réseau grandit, chaque arbre a été examiné : on observe son état de santé, sa durée de vie… Planter le bon arbre au bon endroit, c’est s’assurer de : L’adéquation entre l’espace aérien disponible et le développement adulte de l’arbre. Avoir un espace souterrain libre pour le développement des racines (proximité de la voie : réseaux à plus de 2 m). Tenir compte des facteurs climatiques locaux : tempêtes et vent. Rechercher une diversité variétale pour enrichir le paysage (formes, couleurs, habitats et corridors) et limiter le risque phytosanitaire. Cela nécessite de trouver un équilibre entre végétalisation et environnement urbain : l’urbanisation, les contraintes liées aux modes de déplacement, le bien-être des usagers et l’accessibilité des espaces, la création d’un paysage de qualité pour tous les habitants… Le tout dans le but de planter le bon arbre au bon endroit, et ne pas avoir à le tailler afin de prolonger la durée de sa vie.

 

REPENSER L’IMPLANTATION DE CERTAINS ARBRES

Un travail important a été mené pour préserver le patrimoine arboré au maximum. Néanmoins, les rues n’étant pas extensibles, le projet a nécessité de couper certains arbres pour par exemple mettre les trottoirs aux normes PMR, aménager des pistes cyclables (12 km de pistes liées au projet), implanter les quais et stations du tram et du BHNS.

Dans ce cadre, chaque arbre a été diagnostiqué et répertorié pour identifier au sein des alignements d’arbres ceux pouvant être conservés, ceux qui pouvaient être transplantés et ceux qui devaient être coupés. Suite aux dégâts provoqués par la tempête Ciaran en novembre 2023, cet inventaire a été entièrement réévalué pour compenser les spécimens tombés qui auraient dû être conservés.

 

COMPENSER ET MIEUX PLANTER

 

Le projet prévoyait la coupe de 333 arbres d’alignement. Ces arbres sont compensés par la plantation prévue de 352 nouveaux arbres d’alignement. Conformément aux engagements pris, chaque coupe d’arbre d’alignement le long des tracés Tram/BHNS est donc compensée.


Par ailleurs, 220 arbres « isolés » ou « hors alignements » devaient être coupés, et sont compensés par la plantation de 103 arbres isolés dans l’emprise du projet ainsi que de 90 arbres à proximité (amiral Troude, Palaren, boulevard de l’Europe …) et par la plantation de 1 000 arbres supplémentaires sur le site de Bodonou (Guilers/Plouzané) dans le cadre d’un projet d’agroforesterie.


À ce jour, 1 633 arbres ont été plantés sur le site du Bodonou. Sur les emprises du projet, environ ⅓ des plantations ont été réalisées pendant l’hiver 2024/2025. Le reste des plantations étant prévu sur la prochaine période de plantation qui s’étend de novembre 2025 à mars 2026.

 

L’engagement de minimum 3 arbres plantés pour 1 arbre coupé sera donc tenu.


Au-delà de l’aspect quantitatif, le projet s’efforce de bien planter en s’appuyant sur la riche expérience de la métropole en la matière :

  • Création de vraies fosses de plantations avec un volume nourricier suffisant pour permettre le bon développement des racines.
  • Implantations qui ne nécessitent pas ou peu d’élagage de branches.
  • Alignements réalisés dans des bandes végétalisées de 2 mètres de large (et non des arbres entourés de bitume !).
  • Diversification des essences pour réduire les risques d’épidémie parasitaire.
  • Respect des périodes de coupe et de plantation
  • Choix d’essences adaptées au climat
  • Travail sur plusieurs strates arborée, arbustive et herbacée pour créer des écosystèmes en pied d’arbre et favoriser l’attractivité du corridor pour la petite faune.

 

CHIFFRES CLÉS

  • Au total, le projet Mon Réseau Grandit intègre 7 hectares d’espaces verts, soit l’équivalent de 11 terrains de football.
  • Sur les corridors Tram et BHNS, au total, la surface d’espaces verts sera augmentée de 45% par rapport à l’existant.
  • 80% de la plateforme de Tram est végétalisée (environ 2 hectares)
  • 34 essences différentes d’arbres d’alignement et isolés;
  • près de 200 mètres linéaires de haie au pied de la Cavale Blanche;
  • 21 essences différentes de cépées;
  • 80 essences différentes de vivaces et graminées;

 

Sur la ligne B, plantation de : 

  • 350 arbres;
  • 7 200 arbustes;
  • 22 000 vivaces et graminées

 

Sur la ligne D, plantation de : 

  • 70 arbres;
  • 2 200 arbustes;
  • 3 600 vivaces et graminées